Les circuits courts ne sont pas la solution pour démocratiser le local

Manger mieux, manger responsable, mangeréthique relève aujourd’hui d’une urgence face aux crises que le monde traverse.Alors quelles solutions pour mieux consommer demain ?  Focus sur notre système d’approvisionnementalimentaire, son histoire, ses dérives, mais aussi ses alternatives.  Aujourd’hui, la provenance, la qualité, la traçabilitésont des éléments qui pèsent de plus en plus dans la balance du consommateur. Lescrises sanitaires, sociales, économiques et écologiques ont révélé unenécessité de bouleverser un système, désormais fragile, celui del’agro-industrie.  D’abord, un peu d’Histoire pour comprendre notre système d’approvisionnement Nourrir les grandes villes, organiser les trajectoires denos produits favoris, éviter les ruptures de stocks, répondre aux exigences etaux changements d’habitudes des acheteurs, le défi ne date pas d’hier, la villede Paris en est un très bon exemple.  À partir de l’Ancien Régime jusqu’aux années 50,l’objectif premier était d’éviter les famines dans des territoires de plus enplus peuplés. À Paris, le premier marché d’ampleur nationale de vente au gros,« Les Halles », voit le jour sous le règne de Louis VI et ne cesserade se réadapter sans cesse aux besoins et flux constants de cette capitale enplein essor. Une grande partie du territoire approvisionne quotidiennement laville à cette époque : les produits frais ou fragiles proviennent desenvirons, le reste s’importe directement des lieux de production via les foiresde province. À l’échelle nationale, on développe ainsi les axes routiers, lescanaux fluviaux et les chemins de fer.   Cetteconfiguration permet aux pouvoirs publics de garder le monopole des fluxalimentaires jusque dans les années 50 en contrôlant à la fois le territoirenational sur les importations et exportations, qui restent encore rares àl’époque, mais surtout en assurant la stabilité des prix pour éviter la spéculationdes marchands sur les famines[1]. 70 ans plus tard, Paris est dominé par un systèmealimentaire, privatisé par des centrales d’achats de la grande distribution,mais aussi par un marché d’intérêt national (MIN). Désormais plaque tournante, « Les halles »déménagent à Rungis et ravitaillent le pays tout entier.  Tout s’est joué au sortir de la Seconde Guerre mondiale,la France et une partie de l’Europe détruite, il faut reconstruire etréaménager les quartiers. Une nouvelle population ouvrière abandonne les fermesfamiliales pour travailler à l’usine et rejoint la périphérie des villes.  Il faut accueillir cet exode rural, maissurtout nourrir ces populations en préservant et distribuant les denrées àgrande échelle et en toute sécurité[2].De la nourriture à bas prix et pour tous !  Le projet européen  En 1962, l’Europe crée la Politique agricole commune(PAC) avec les États membres de la Communauté européenne. La France fait partiedes grands pays agricoles.  « Levolet agricole et agroalimentaire a d’ailleurs été très structurant dans laconstruction de l’Union européenne », nous explique, Morgane Reutière,ingénieure agronome. Ce marché visait laprotection du marché intérieur. D’abord, les objectifs étaient d’accroître laproductivité agricole, stabiliser les marchés alimentaires, subventionner lesproducteurs pour les sécuriser financièrement, et enfin proposer des prixaccessibles pour l’acheteur. Pourtant, la grande machine s’emballe… Transport et Transformation des aliments à l’ère dela surconsommation À la Fin du XXème siècle l’offre et la demande s’accélèrent,les techniques agronomiques ont permis de s’affranchir des conditionsclimatiques et de la saisonnalité. Adieu patate à tous les repas et bonjourcitron, orange, banane et avocat ! Une large gamme de produits s’offraient toute l’année ens’approvisionnant de plus en plus loin.  La transformation des aliments (plats préparés,surgelés ou lyophilisés) révolutionne aussi la manière de manger, plus le tempsde cuisiner : on cuisine pour vous ! Aussi, la naissance des transportsfrigorifiques facilite les longues distances et la conservation optimaledes denrées alimentaires. De la rapidité, de la diversité et de la nouveauté àprofusion, c’est l’heure de la surconsommation ! Et de la malbouffe avecl’avènement des fast-food ! Ces changements engendreront quelquesdécennies plus tard, des problèmes de santé liés à l’alimentation commel’obésité.  Surproduction, pollution, précarisation : les échecsde l’Europe Cette globalisation autour de l’alimentation a toutchamboulé, d’abord le producteur a perdu le contrôle des quantités puis de laqualité. Les agriculteurs subventionnés désormais équipés en engins motorisés,en parcelles plus vastes, en engrais chimiques, doivent produire toujours plus.Pourtant, dépassée par cette ambition, l’Europe va surproduire. Ironie du sort,elle doit désormais dépenser pour stocker (congélation, transformation du laiten poudre, don alimentaire).  Si l’idée de départ permettait la sécurité financière desagriculteurs, en 20 ans, c’est tout l’inverse qui s’opère.  L’augmentation des intermédiaires et lesnégociants avares les relaient au dernier maillon de la chaîne[3]les plongeant dans des situations de plus en plus précaires.  En traversant lesfrontières, en multipliant les kilomètres, tout semble désormais incontrôlable.Les scandales sanitaires comme la vache folle étaient inévitables et lestromperies des industriels aussi. On ne se remet pas qu’en 2019 des industrielsvendent de faux steaks sans viandes aux Restos du Cœur.[4] Aujourd’hui, la santé semble au cœur des préoccupations,on veut retrouver le goût des aliments (garder les fibres, les vitamines,les nutriments) manger du sucre non raffiné[5]par exemple et surtout, prévenir les maladies telles que l’obésité ou lescancers. L’impact environnemental devient également prépondérantdans la façon d’aborder notre approvisionnement. À l’heure des crisesclimatiques, l’opinion publique ne saurait accepter que des langoustinesécossaises soient congelées juste après leur pêche puis envoyées en Thaïlandepour être décortiquées pour enfin revenir en Écosse afin d’être cuites puisvendues. Au total 27 000 km soit 600 à 900 tonnes d’équivalent CO2[6]sont émises par le transport annuel de 400 à 600 tonnes de crustacés[7]. Trop c’est trop ! Tous ces éléments ont été de vraisaccélérateurs dans la prise de conscience et l’engouement des consommateurs àsuivre de nouveaux modèles de consommation.  Les alternatives à l’agro-industrie Il existe de nombreuses solutions au modèleagro-industriel. D’abord, pour des questions environnementales, une alternativeagronomique a vu le jour dans les années 80/90 :  l’agriculture biologique. Dans lesannées 2000, c’est l’avènement des circuits courts dans l’échelle de ladistribution qui se focalisera sur la proximité relationnelle et géographique. Puis,la valorisation de l’ancrage territorial apparait ensuite avec des productions AOC,AOP. On consommait alors sur des territoires plus étendus tout en connaissantla provenance. Enfin, à l’échelle mondiale, on a découvert le commerceéquitable introduisant d’autres critères que le prix comme la rémunérationet les conditions de travail des employés de la chaîne de production. Aujourd’hui,on parle aussi d’agriculture raisonnée avec trois principes : laprotection de l’environnement, la santé et le bien-être animal. On développe égalementl’agro-écologie[8] et la permaculture[9]quand d’autres inventent l’agriculture urbaine ou les potagerspartagés. Le numérique apporte aussi son lot d’innovations (applications Yuka,Too Good too Go).  Circuit long, court, de proximité, quellesdifférences ? Lecircuit long est unsystème d’acheminement des marchandises qui comprend de nombreuxintermédiaires avant d’arriver dans l’assiette du consommateur. Le produittransite d’abord par un grossiste puis un détaillant. C’est le modèle dominantd’aujourd’hui dans l’industrie Agro-alimentaire. Le terme circuit court, inventé par opposition aucircuit long, a été reconnu officiellement par les pouvoirs publics en 2009,avec le fameux plan Barnier. Alors ministre de l’Agriculture, Michel Barnierpropose des mesures pour développer la vente directe des produits locaux et de saison. En principe, le circuit court estdéfini comme un système de commercialisation se limitant à unminimum d’intermédiaire (souvent un seul) soit direct en allant, par exemple,acheter vos légumes ou vos œufs à la ferme, ou indirect en allant chez leboucher de votre quartier qui s’est lui-même fournit chez son producteur.  Mais chez Promus, on utilise le terme circuitde proximité qui englobe une dimension géographique avec une distanceidéalement inférieure à 150 km, mais aussi et surtout relationnelle enretissant le lien entre le producteur et le consommateur local.  « Le local ne fonctionne pas pour tout lemonde »  Selon Antoine Pulcini, le PDG de Promus, lorsqu’on travaille à l’échelle des territoires, le local ne fonctionne pas pour toutle monde, il est donc difficile de se passer de l’agro-industrie. Actuellement,le circuit court (local et de proximité) représente 5% des terres agricolesdonc 15% de la valeur globale de marché.  On ne nourrira donc pas tout le monde commecela. Certaines régions sont 100% céréalières, 100% légumineuses ou 100%viandes. Produire de tout, partout, dans une région ou un département, cela vaprendre du temps. Par ailleurs, le gros volume n’est pas forcément le problème.Un agriculteur qui possède 1000 hectares doit repenser ses productionspour répondre non pas aux besoins d’une agro-industrie qui va tirer les prixles plus bas possibles, mais pour se réinventer à l’échelle de son territoirece qui implique par exemple, de faire de la rotation des cultures, respecter labiodiversité… Aussi, il faut repenser les balances économiques en composantavec les importations et le fait de pouvoir être autonome dans sa ferme. En revanche, il faut réinventer le modèleagro-industriel. Nous sommes allés trop loin dans la transformation desproduits, trop loin aussi dans la mondialisation. Il faut donc gérer cettecoexistence entre ces deux modèles. En 2020, la crise du Covid a révélé les fragilités d’unmodèle massique. Aujourd’hui, l’Agro-alimentaire doit être au service duproducteur et non l’inverse. Une usine comme Lactalis ne peut plus êtrerentable sans gros volume, l’amortissement des coûts fixes s’effondreentrainant dans sa chute une cascade d’intermédiaires. Il faut désormaisréadapter ces chaînes devenues fragiles aux territoires. Un modèle selon lebesoin et non sur la capacité de vente, les productions à la ferme par exempleoffre une belle alternative. Enfin, il faut sortir du marché mondial et de sestravers, en arrêtant d’acheter à des prix spots[10]. Les achats responsables Acheter responsable, c’est s’interroger et prendreconscience de trois choses : d’abord l’impact du produit sur la santé,puis sur l’environnement, mais aussi d’un point de vue éthique. Ons’ interroge alors sur la responsabilité que j’ai en tant qu’acheteursur le bien-être du producteur. Aussi, si j’achète dans une région, jeréfléchis plus largement à l’impact positif sur le développement d’unterritoire par exemple, je vais créer de l’emploi, car je vais permettre à ceterritoire de se réinventer en développant des commerces, des écoles…  Des modèles inspirants  Certaines coopératives se réinventent car plus à l’écoutede leurs producteurs, plutôt que de vendre des « entrants », ilsvendent du conseil. Les modèles de production à la ferme évoluent. Aussi, onles repense également pour les générations futures. D’autres perspectives sedéveloppent comme les glaces La mémère lancées par Arnaud Montebourg[11]ou les yaourts Nés d’une seule ferme commercialisés dans les magasinsIntermarché[12]et fabriqués directement par l’éleveur laitier. Et cela fonctionne !  Chez Promus, il faut qu’on arrive à capter cesagriculteurs qui veulent changer les choses et qui comprennent leur impact pourles « mettre en marché ». Puis qu’on valorise leur travail auprès desacheteurs en expliquant que le prix du produit ne doit pas varier à l’instar dulait qui bénéficie d’un prix planché. Pour entrer dans un système vertueux,responsabilisons donc producteurs et acheteurs.
[1] Sabine Bognon, « Nourrir Paris : trajectoire de l’approvisionnementalimentaire de la métropole capitale, de la fin de l’Ancien Régime à nos jours », Géocarrefour [Enligne], 90/2 | 2015, mis en ligne le , consulté le 03 avril 2021.URL : http://journals.openedition.org/geocarrefour/9776 ; DOI :https://doi.org/10.4000/geocarrefour.9776 [2]Écoconception et éco-innovationdans l'agroalimentaireLivre de Gwenola Yannou-Le Bris(Ingénieur).), Hiam Serhan et Sibylle Duchaîne [3] https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/02/15/agriculture-crises-multiples-et-mutation-profonde_4865591_3234.html[4] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/aide-alimentaire-780-tonnes-de-faux-steaks-haches-ont-ete-distribuees-a-des-associations_2082725.html[5] https://sante.lefigaro.fr/article/le-sucre-raffine-est-il-moins-bon-pour-la-sante-/[6] 1 tonne équivalent CO2 = 1aller/retour Paris-New York (par passager) https://www.energuide.be/fr/questions-reponses/a-quoi-correspond-une-tonne-de-co2/2141/[7] https://www.pourlasolidarite.eu/sites/default/files/publications/files/circuitscourts_web-2.pdf et aussi Le Canard Enchaînée, 6 décembre2006 et Marianne n°604, 15 novembre 2008[8] https://www.fne.asso.fr/dossiers/quest-ce-que-lagroécologie[9] https://reporterre.net/Ca-y-est-J-ai-compris-ce-qu-est-la-permaculture[10] http://www.boursereflex.com/lexique/spot[11] https://www.lamemere.fr [12] https://neduneseuleferme.fr

Edouard Leclerc dans un de ses premiers supermarchés
Edouard Leclerc dans un de ses premiers supermarchés.

En 1965, l’entrepreneur change d’échelle et ouvre son premier Supermarché. Nous sommes à l’aube des 30 glorieuses et une nouvelle ère débute : celle de la consommation de masse. Dans le sillon des premiers magasins Leclerc, de nombreuses enseignes de grande distribution apparaissent, proposant sans cesse de nouveaux produits. Le « tout accessible au même endroit » est né !

À côté des rayons des fruits et légumes arrivent des produits manufacturés issus des industries agroalimentaires, des téléviseurs, des vêtements, des téléphones… Et pour continuer de pouvoir acheter, on invente le pouvoir d’achat pour vous proposer toujours plus de produits à acheter.

La part de l’alimentation dans les budgets des Français ne cesse de baisser.
Source Insee

Dans les années 1960, la part de l’alimentaire dans les dépenses des Français passe ainsi de 50% à 35%. Elle est d’environ 20% aujourd’hui. L’alimentation s’est industrialisée, on a cassé les coûts de production—à commencer par le salaire des  agriculteurs. On a artificialisé, ajouté des conservateurs, des correcteurs de goût, tous ces Exxx qui permettent d’oublier le vrai prix d’un kilo de tomates.

Cette idée de proposer toujours plus de produits toujours moins chers finit par amener son lot de dérives et met en lumière les limites d’un système en crise depuis quelques années : des crises sanitaires emblématiques (vache folle, lait contaminé à la salmonelle, viande de cheval à la place du boeuf) auxquelles s’ajoutent aujourd’hui des préoccupations environnementales.

Au début des années 2010, 6 Français sur 10 ne font plus confiance aux enseignes de grande distribution (1).
(1) https://www.lsa-conso.fr/enseignes-les-francais-n-ont-pas-confiance,125945

Un constat que nous avons nous aussi partagé. Et comme beaucoup d’entre vous, nous nous sommes penchés sur les alternatives qui pouvaient exister. Le plus évident :  « c’était mieux avant ! ». Revenir au modèle du circuit court, de la vente directe, celui de nos grands-parents. Un modèle qui fonctionnait à l’époque.

Alors pourquoi pas aujourd’hui ?

Un panier de produits locaux qui change de mains

Le circuit court, la solution miracle ?

Le circuit court (2) c’est le modèle qui refait surface depuis une dizaine d’années et qui est aujourd’hui plébiscité par une majorité de Français. Ils sont 76% à consommer des produits de leur région au moins une fois par mois et 44% à le faire au moins une fois par semaine (3).
Prendre le contrepied de la mondialisation et de la grande distribution, la consommation locale, via les circuits courts, offre une alternative séduisante à bien des égards ! Sur le papier, le modèle offre d’ailleurs tellement d’avantages qu’on pourrait croire qu’il est idéal.

(2) Un circuit court fait intervenir un intermédiaire au maximum. Par extension, il en est arrivé à désigner les circuits de distribution locaux.
Une ceinture verte autour d'une ville

Idéal sur le plan environnemental parce qu’il soutient une agriculture urbaine et périurbaine qui permet de remettre de la nature en ville et de lutter contre l’artificialisation des sols.

Des légumes moches

Idéal aussi puisqu’il réduit le gaspillage via la vente de fruits et légumes moches et hors calibres et qu’ils limitent l’utilisation d’emballages et de plastique.

Des portraits de petits producteurs

Idéal encore car il permet de sécuriser certaines filières, de valoriser les terroirs et les métiers agricoles, de créer de l’emploi local et de garantir un meilleur revenu aux agriculteurs.

Idéal car il permet de recréer du lien entre le consommateur et les agriculteurs. Cerise sur le gâteau, en cas de crise—comme c’est le cas en ce moment—les circuits courts rassurent les consommateurs.

Bref, n’en jetez plus et arrêtez de vous creuser la tête au sujet de la transition alimentaire : des circuits courts et du local pour tout le monde et le problème est réglé !

*SPOILER*
En vrai, ce n’est pas si simple

Pourtant, est-ce qu’on peut vraiment tout consommer local aujourd’hui ? La question n’est pas vite répondue. Chez Promus, pour avoir un peu creusé le sujet ces dernières années, nous avons constaté 4 grandes limites :


D’abord, il y a la question de la localité.

Par souci de cohérence, les circuits courts incluent une notion de proximité géographique. Mais, on ne peut pas tout produire localement. C’est vrai pour le café, les mangues ou les amandes mais aussi pour tout un tas d’autres produits. On ne fabrique pas beaucoup de reblochon en Bretagne par exemple...  

Et puis on ne peut pas non plus tout vendre uniquement en local. Nous avons, en France, le bonheur de produire plus de 1200 variétés de fromages (4) et plus de 3000 vins différents (5)… Deux filières d’excellence dont le modèle économique repose sur l’export !

(4) Source : Filière Laitières (5) Source : Vin Vigne

Il y a aussi la question des capacités de production de chaque territoire avec des risques de rupture sur certains aliments ou, à l’inverse, de trop grandes quantités proposées qui ne seraient pas consommées.

Des champs vus du ciel


Ce qui pose aussi la question de nos habitudes.
Un point qu’on a tendance à sous-estimer. Nous pouvons aujourd’hui trouver à peu près tout ce que l’on souhaite, tout le temps. Sommes nous vraiment prêts à modifier nos comportements de manière un peu brutale pour consommer local ? Abandonner les bananes et l’ananas ? Au revoir les raclettes ? Pas si simple.

Des rayons de supermarchés


Ensuite, il y a la question environnementale.
Parce que les circuits courts ne sont pas toujours plus écologiques que les circuits traditionnels. Au-delà du mode de distribution, c’est surtout le mode de production qui dicte l’impact environnemental de notre alimentation. Par exemple, une salade produite sous serre chauffée en plein hiver aura une empreinte carbone plus élevée que le même légume importé d’Espagne où il est cultivé en plein air.

La logistique des circuits courts locaux n'est pas efficace.

C’est la même chose avec les transports. On peut imaginer que, plus le producteur est proche du client, plus l’impact du transport est faible. 
Et bien ce n’est pas systématiquement vrai. La logistique des circuits traditionnels (comprenez ceux de votre supermarché) est organisée, optimisée, pour transporter de gros volumes. Pour faire court, plus il y a de tomates dans le camion, plus l’impact du transport d’une tomate est faible !

Selon le volume transporté, la distance a plus ou moins d’importance dans l’impact
Voir le simulateur



Enfin, il y a un vrai sujet d’organisation et de coûts.
Pour faire simple, le métier d’un agriculteur, ça n’est pas de stocker, préparer, emballer et livrer ses produits un peu partout. Que ce soit d’un point de vue logistique, commercial ou administratif, la vente en circuit court représente une somme de travail supplémentaire importante pour les producteurs. La rentabilité des circuits courts, pour les producteurs, n’est donc pas assurée sur tous les produits.

Un petit producteur débordé


Pour toutes ces raisons, chez Promus, nous en sommes venus à nous interroger sur la notion même de circuit court. Quel modèle peut pallier ces limites sans renier l’importance et l’intérêt de soutenir les territoires et les productions locales ?

Les intermédiaires locaux sont nécessaires

Pour que cela fonctionne, nous pensons qu’il faut d’abord s’appuyer et capitaliser sur les aspects positifs du système existant. En matière d’organisation et d’efficacité, les circuits traditionnels proposent des atouts indéniables. Nous serons plus efficaces à adapter le système actuel plutôt qu’à chercher une manière d’en recréer un nouveau.

Au vue de cela, nous avons choisi d’agir sur ces 3 points clés :

1. Relocaliser la prise de décision
Pendant le confinement, nous avons été contactés par des grandes surfaces qui ne pouvaient pas faire rentrer des producteurs d’à côté, malgré leur bonne volonté. Pourquoi ? Les validations des fournisseurs étaient gérées en central. Le temps de faire les allers-retours, les stocks étaient perdus.

Il faut recenser, qualifier et partager les informations sur l’offre et la demande. Ce n’est pas un travail qui peut se faire seul, c’est pourquoi nous travaillons avec les Chambres d’agriculture d’un côté et les syndicats et organisations de restaurateurs de l’autre.
Ce sont des acteurs locaux, qui connaissent leurs adhérents et leurs besoins.

2. Équiper les acteurs

Une fois qu’on sait ce qui est disponible où, et qui a besoin de quoi, il faut acheminer les produits. Toute l’efficacité de la grande distribution tient à l’optimisation des trajets, le maximum de produits dans le minimum de camion. Problème pour les circuits courts : chaque réseau et chaque producteur s’organise dans son coin. Ils multiplient les petits trajets avec des camionnettes rarement remplies et reviennent complètement à vide.

Depuis 2017, nous déployons des mini-chambres froides au plus près des producteurs, les PromusBoxs (6). Autonomes, les producteurs diminuent leur temps sur la route. Nous organisons ensuite une seule tournée pour livrer tous leurs clients.

(6) Les découvrir dans cet article de Réussir

Moins d’erreurs, moins de temps nécessaire, pour moins cher.

3. Investir dans le territoire

Il faut que chacun soit rémunéré à sa juste valeur. L’argument des circuits courts est que le producteur gagne mieux sa vie. C’est vrai, mais rapporté au travail nécessaire, le taux horaire reste très bas. En offrant un service clé en main, nous leur permettons de toucher 10% de plus que s’ils s’occupaient chacun de tout, tout seul.


Alors, mort aux intermédiaires ?
Non, ne soyons pas nostalgiques des jardins de nos grands-parents. Les outils modernes nous permettent d’optimiser et de réduire les chaînes d’approvisionnement, pour à la fois garantir des revenus justes aux producteurs tout en offrant des produits locaux 10% moins chers à leurs clients.

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